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La Part Manquante
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8 août 2014

Le Vin des morts

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Le Vin des morts - Romain Gary - Éd. Gallimard - 235 pages

 

Pour le 100ème de la naissance de Romain Gary, Gallimard a édité deux nouveaux opus de l'auteur. Le Vin des morts est le premier roman du double Prix Goncourt.
Admiratrice inconditionnelle de Gary, j'étais bien impatiente de découvrir et le lire.

4ème de couverture :

"Dans un souterrain peuplé de squelettes, le jeune Tulipe cherche désespérément la sortie. En chemin, il dialogue avec des morts aussi effrayants que grotesques: trois mères maquerelles régissent un bordel outre-tombe, des flics tabassent un prévenu jusqu'à le rendre "tricolore", Jim et Joe jouent sadiquement avec les t^tes d'un pierrot et de sa colombine, un poilu avoue avoir laissé sa place à un Allemand dans la tombe du soldat inconnu, un moine le supplie de le remplacer pour garder le Saint-Graal etc. Un Dieu ivre et grossier préside aux mis`res de ce petit monde grouillant de cafards et de mites. Le débonnaire Tulipe y va lui aussi de ses histoires, celles des clients tordus de l'hôtel tenu par sa femme. Chez les vivants comme chez les morts, l'âme humaine ressemble à "une petite putain crasseuse et malodorante". Tulipe se réveille dans un cimetière, la gueule de bois et les bras en croix.

Sous l'influence de Poe, Céline ou encore Jarry, ce premier roman inédit aux allures de danse macabre, écrit à l'âge de dis-neuf ans, dépeint avec sarcasme la société de l'après-guerre et de la crise des années trente. Dans sa présentation, Philippe Brenot montre que  Le Vin des morts, signé Romain Kacew, ne quittera jamais les poches de Romain Gary et qu'il luis ervira de vivier, quarante ans plus tard, pour écrire les romans d'Émile Ajar."

 

" Quel serait mon plus grand malheur?

- Perdre le manuscrit d'un roman terminé" - Romain Gary, in Livres de France, n°3, 1967.

 

Le livre débute par une longue introduction de Philippe Benot revenant sur le parcours littéraire et la personnalité complexe (mais fascinante) de Roman Kacew/Romain Gary/Émile Ajar; celui qu'on a appelé le Caméléon, comparaison ô combien judicieuse et exacte!
Loin d'être fastidieuse (même pour quelqu'un qui maîtrise bien le sujet), cette analyse permet de replacer Gary dans ses contextes, ses enjeux, ses peurs, ses doutes, ses passions, ses émotions. Elle permet surtout au lecteur averti de reveiller ses référentiels de lecture garyenne et de sourire à la maestria du Maître! 

Le sujet du roman ne m'a pas emportée ni fascinée: les morts, la putréfaction, la scatologie, les sécrétions post mortem ne sont pas trop mon fort, et les ambiances "zombiesques" non plus.

Je me suis donc attachée au style, à l'exercice littéraire. Et là, c'est assez remarquable de retrouver dans les mots, les idées, la syntaxe d'un auteur de 19 ans, les traits, les pattes, les marques de l'auteur révélé. Oui, tout Kacew est dans le Vin des Morts à côté de Gary et d'Ajar! 
Car pour celui qui a lu Gary et Ajar, le subterfuge de l'écriture était sublime, on doit l'admettre. Mais lire Ajar dans Kacew avec un espace temps de 40 ans, ce n'est plus de la manipulation, ce n'est plus un scandale, c'est du génie! 

On y retrouve le sarcasme récurrent de Gary, son côté " pince sans rire", son humour à froid, qui pique, triture exactement là où ça fait mal, qui révèle des évidences que personne ne dit. On va au fond des choses, les vraies, les sales, les puantes, celles qui font la Vie devant soi et la Mort à sa porte.

Ce n'est pas un livre que je recommanderais en lecture découverte de Gary, il s'adresse indéniablement à ceux qui connaissent l'univers, les démarches, les intentions littéraires de Romain Gary. Le lire en première intention reviendrait à prendre le risque de ne pas avoir envie de récidiver et alors de passer à côté d'une page incontournable de la littérature française. 

Le Vin des Morts  m'a donné l'envie ( et une fois de plus à mon actif) de relire quelques Gary , mais surtout de me repencher sur Ajar que j'apprécie moins. 


Je n'ai pas aimé le roman, j'ai adoré l'écriture; comme cette pièce qui manquait au puzzle Gary !

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