Baleine
Baleine – Paul Gadenne – Coll. « un endroit où aller » - Ed. Actes Sud – 38 pages
Une baleine s’est échouée sur une plage, quelque part en France.
Voici l’unique événement de cette nouvelle de Paul Gadenne. Autour de lui, l’auteur nous emmène, par le biais de ses deux personnages, dans les méandres des émotions, des sentiments, des impulsions et des valeurs que peut susciter la mort d’une icône de la mer .
Je ne suis pas familière des nouvelles. J’ai beaucoup de mal à me satisfaire de leur lecture souvent trop brève qui me donne tout juste le temps d’entrevoir les personnages ou l’intrigue et me laisse frustrée sur le dernier mot de la dernière page. Ce ne fut pas le cas de « Baleine ». Un bijou de la langue française où toute l’ampleur et la force des mots, de la grammaire, de la syntaxe, de la ponctuation sont au service de l’écriture splendide.
Un cheminement précis, progressif qui évolue comme un crescendo avec son train d’émotions.
On se retrouve échoué pour de bon sur la plage de notre réalité avec notre indifférence chronique face aux banalités de notre monde qui sont autant de briques indispensables à son édifice.
Une nouvelle à découvrir, à lire et à relire…
Citations :
« Cette baleine nous paraissait être la dernière ; comme chaque homme dont la vie s’éteint semble être le dernier homme. Sa vue nous projetait hors du temps, hors de cette terre absurde qui dans le fracas des explosions semblait courir vers sa dernière aventure. Nous avions cru ne voir qu’une bête ensablée ; nous contemplions une planète morte. » - p.32
« - La vraie foi, dit-elle, cela doit ressembler aux atomes : il suffit qu’il y en ait un qui éclate… » - p.38.
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