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La Part Manquante
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24 janvier 2013

Le livre des nuits

(chronique publiée en janvier 2012 sur mon autre blog et rééditée ici)

 

le_livre_des_nuits

 

 

Il est des régions géographiquement malchanceuses car situées à des frontières stratégiques que seuls les généraux convoitent. Victor-Flandrin, issu d'une famille de bateliers depuis des générations, quitte le fleuve pour la terre après la mort de son père, rescapé de la guerre menée contre la Prusse, où il fut dévisagé par le sabre d'un uhlan.Victor-Flandrin Péniel fuit l'eau et la mine où il n'a plus d'avenir. Une longue marche le mène au hasard de ses pas dans la région de Sedan où il passera le reste de sa vie.

Et c'est cette vie que Sylvie Germain nous fait partager. Une vie rythmée par les épouses qui ne survivent pas aux grossesses, aux enfants tous jumeaux qui naissent et meurent. Quatre épouses se succéderont sur la Ferme-Haute pour 15 enfants mis au monde, un seul survivra.

Voilà encore un livre qui n'offre aucun répit, on voudrait arrêter de lire pour reprendre son souffle et se dire que le glauque n'est qu'imaginaire mais on continue à lire, fasciné par l'horrible, avide de savoir comment les personnages vont mener leur résilience.

L'auteure nous emmène dans les méandres de 60 ans d'une terre en proie aux occupants successifs, toujours annexée, dévastée. Une terre qui a payé son tribut du sang de ses enfants, une terre sans concession, rude, et cruelle mais où finalement, à chaque fois, la vie sait renaître après chaque malheur. Une terre nourrie de roses, nourrie de sang, nourrie de cendres puis de nuits. Une terre nourrie de passions, de violences, d'illusions et d'espoir. L'histoire d'une famille que l'Histoire n'a pas épargnée, histoire pleine de réalités qui claquent si fort qu'elle nous assomme et nous emmène aux marges du fantastique.

Dire que j'ai aimé ce livre, OUI...dire que je l'ai fermé en poussant un profond soupir de soulagement, OUI. Soulagée d'avoir soutenu la lecture parfois difficile de certains passages, soulagée d'être arrivée, avec les personnages, au bout de cette histoire familiale tragique.

Mais, je trouve que l'on peut facilement se perdre dans l'anamnèse. La généalogie est dense, si bien qu'on peut vite ne plus savoir qui est le fils de qui si on ne maintient pas sa vigilance. Ce serait peut-être la seule remarque négative que je ferai au roman. Je remercie l'auteure d'avoir accéléré le rythme d'écriture lors de l'avant-dernier chapitre, il a été suffisamment dur ainsi, plus long aurait été rédhibitoire.

Qu'on ne se méprenne pas sur mes propos, il ne s'agit pas d'un roman du genre horreur, il s'agit d'un roman historique sans fioriture, émaillé d'incursions fantastiques que j'attribue aux légendes régionales. Il a suscité en moi les mêmes émotions et plaisirs de lecture ressentis avec "Le Livre de Dina" de Herbjorg Wassmo.

 

C'est un excellent roman.

Je me suis accordé une pause, plus légère avant d'entrer dans le deuxième tome "Nuit-d'Ambre".

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