Les femmes sont des adultes comme les autres

Les femmes sont des adultes comme les autres – Pierre-Henri Tavoillot – Coll. L’urgence de comprendre - Ed. l’Aube – 88 pages

Quand et comment devient-on adulte à l’époque où les limites entre les « âges » de la vie sont de moins en moins claires et où les rites de passages, balises sociales, ont quasiment tous disparu ?Quels sont les objectifs, les enjeux, les angoisses, les défis de  « l’adultité », dans un système social où les sexes, les genres, les places tendent à se confondre, à s’effacer au profit (ou pas) d’une soit disant égalité ?

Comment se redistribuent les attributs spécifiques dévolus à l’homme et la femme, dans un monde où la bataille des sexes engagées depuis des dizaines d’années débouche sur des transferts de compétences entre l’un et l’autre ?…Masculinisation des tâches, rôles et places d’un côté, féminisation de l’autre .

Qu’est ce qu’être jeune, qu’est ce qu’être vieux aujourd’hui ? Qu’est ce qu’être adulte ? Comment cet être, coincé entre une jeunesse interminable et une « vieillesse sociale » de plus en plus précoce, atteint-il tous les objectifs dans ce temps imparti raccourci ?

Voici un essai philosophique passionnant qui pose les questions simplement et les éclaire de façon accessible et avec humour. La démarche est basique, l’hypothèse l’est tout autant : l’arrivée des femmes dans la sphère sociale (entendre, le fait qu’elles soient sorties de la maison et des tâches exclusives y affairant), a provoqué un séisme dans l’ordre des choses. Tout est redistribué y compris le déroulement du temps. Comment tout cela s’opère-t-il et quels en sont les effets et les issues possibles ?

Deux heures pour dévorer ce petit opus frais et se dire que, lorsque on s’arrête un peu , qu’on prend du recul, les choses qui pèsent deviennent moins lourdes quand elles sont regardées avec un nouveau focal : celui de la philo !

Oui, les femmes sont des adultes comme les autres, on avait juste oublié de les inclure dans l’organisation du socle social…elles s’y sont imposées et du coup tout est à reconsidérer !

J’ai adoré cet gréable moment de lecture, vulgarisé à souhait par l’auteur, donc accessible à un très grand nombre de lecteurs !

Citations :

« Cet âge adulte devient l’âge de toutes les pressions. Et si, dans cette courte période, on ne réussit pas les objectifs que l’on s’est fixée, on déprime parce qu’on ne les a pas atteints. Dans le cas contraire, on déprime quand même parce qu’on les a atteints et que l’on a plus rien à espérer. Quel âge terrible ! Une petite fille que nous interrogions sur cet âge-là en lui demandant « C’est quoi pour toi un adulte ? » avait eu cette sublime réponse : « Un adulte, c’est quelqu’un qui n’a jamais le temps. » Magnifique définition de l’âge adulte : c’est un être qui n’a jamais le temps, tout en s’apercevant simultanément qu’il en a de moins en moins. » - p. 22

« Freud disait qu’on avait guéri d’une cure psychanalytique quand on savait aimer et travailler. On pourrait ajouter : quand on sait faire les deux, sinon en même temps – ce qui n’est guère aisé - , mais à tout le moins de front. C’est une bonne définition de l’âge adulte : être capable d’aimer et de travailler. » - p. 47/48

«L’expérience c’est le rapport au monde. La responsabilité, c’est le rapport aux autres. L’authenticité, c’est le rapport à soi. Ensemble, ils constituent un petit système de sagesse qui est assez impressionnant quand on y réfléchit. » - p. 51

(à propos des nouvelles règles du jeu du rapport homme/femme) «  Deuxième règle du jeu : se méfier d’un discours féministe radical qui ne cesse de prendre non seulement les hommes pour des dominateurs plus ou moins inconscients, mais surtout les femmes pour des abruties, « conditionnées » par des millénaires d’oppression et qui, faute d’une prise de conscience révolutionnaire, en sont venues, comme jadis les prolétaires,  à « aimer les chaînes qui les lient ». Les discours libérateurs ont souvent eu dans l’histoire une bien piètre image de ceux qu’ils entendaient libérer. » - p. 67

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