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La Part Manquante
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5 juillet 2012

Les Belles-Soeurs

Les_Belles_Soeurs

Les Belles-Soeurs - Michel Tremblay - Ed. Actes Sud - Papiers / Leméac - Québec

 

14 femmes invitées par Germaine Lauzon, se retrouvent dans sa cuisine pour l’aider à coller 1 million de timbres-prime qu’elle a reçu en cadeau. La convoitise, l’envie vont transformer la soirée en tragédie. Nous sommes en 1965 à Montréal. Toutes ces femmes se connaissent et font partie du quartier. Commérages, ragots, lieux communs, illustrent l’ambiance « café du commerce » de la pièce.

 

Voilà une caricature salée de la vie ordinaire québécoise des années 60, en pleine « révolution tranquille ».  Tous ses aspects sont balayés : la condition de la femme, la place de la religion, le travail, le célibat, l’avortement, le mariage, la sexualité, les enfants… Toutes ces femmes ont quelque chose à dire de leur condition, de celle de leur famille, de leur voisin…Tous les âges sont présents dans la cuisine et la vision des jeunes n’est guère plus reluisante que celle des anciennes.

On sait qu’on est en Amérique du Nord, puisque la soirée est arrosée de Coca-Cola mais aussi qu’on est au Québec car les regards sont attentifs à la France qui reste l’éternel souvenir collectif d’une traversée déjà lointaine bien que ces femmes parlent de Canada et pas de Québec.

 

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Les Belles-Soeurs - août 1968 - "Le Rideau-Vert" - Montréal

 

Ecrite et montée pour la première fois en 1968 à Montréal, cette pièce est contemporaine et traite de façon acérée de l’époque bouillonnante du milieu des années 60. On y voit poindre la société de consommation, le rêve matérialiste du confort accessoirisé et futile pour les gens simples des milieux ouvriers. Mais on y observe aussi les réflexes et référentiels sociaux et culturels très ancrés comme lorsque les femmes s’agenouillent devant le poste de radio, chapelet à la main, dès qu’elles entendent l’appel radiophonique de l’abbé ou bien, réconciliées par l’hymne national canadien Ô Canada !

 

La particularité de cette pièce en deux actes est qu’elle est écrite en joual (langue vernaculaire du Québec). C’est ce qui la met au rang de pierre de l’édifice du patrimoine francophone.

 

La lecture est ralentie par les contractions, expressions, transcriptions du joual mais aussi par son vocabulaire spécifique dont la compréhension n’est pas naturelle pour un lecteur français ou francophone non québécois. On se surprend parfois à lire à haute voix comme pour dompter la syntaxe et percevoir le sens des phrases, on s’entend rire tout haut, et sourire tout bas… Car elles sont comiques dans leurs malheurs ces Québécoises tricotées serrées !

 

 belles_soeurs

(clic sur la photo pour un extrait vidéo sonore)

 

« Les Belles-Sœurs » est une pièce classique du répertoire théâtral québécois, connue et reconnue sur les scènes internationales, puisqu’elle a été traduite dans 30 langues.

Cependant je n’arrive pas à imaginer comment on peut traduire cette pièce sans la dénaturer et n’en faire qu’une pièce sur une scène de la vie quotidienne.

Mais ceci n’est pas mon propos.

 

J’ai aimé cette pièce pour plusieurs raisons : c’est une façon de découvrir la culture québécoise à travers sa littérature mais aussi en imaginant ses mœurs. J’avais entendu un extrait lors de la manifestation du Moulin à Paroles qui s’était tenue à Québec en septembre 2009, qui m’avait donné envie de la lire, je n’ai pas été déçue.

Ma lecture n’a pas été trop gênée pour ce qui concerne la compréhension du vocabulaire ou de la syntaxe, ni même des expressions puisque vivant au Québec, tout cela fait partie de mon quotidien .

Par contre en me mettant à la place d’un lecteur francophone non-québécois, il semble que quelques phrases doivent rester nébuleuses voire mystérieuses.

Par ailleurs, mon rythme de lecture a été freiné par les contractions visant à transcrire la phonétique québécoise.

Je suis curieuse de connaître la façon dont un québécois a réussi à lire ce texte. Car parler n’est pas lire. Nulle doute qu’un québécois n’ait aucun problème de compréhension par contre la lecture ne doit pas être forcément très fluide.

 

Finalement, le texte n’est pas si caricatural que cela parce que si je me promène dans les rues de la ville de région où j’habite, et que je croise des dames de 60 ou 70 ans, j’entends Germaine Lauzon et ses belles-sœurs…C’est sans doute que la pièce est fidèle à la réalité et qu’elle n’a pas vieilli…

 

C’est un excellent moment de lecture qui dépayse complètement. C’est une découverte culturelle et linguistique à faire absolument si l’on est un aventurier littéraire !

 

Logo_litt_rature_qu_b_coise                 

9ème découverte

 

Citations:


" Les Cinq Femmes - Là, là, j'travaille comme une enragée, jusqu'à midi. J'lave. Les robes, les jupes, les bas, les chandails, les pantalons, les canneçons, les brassières, tout y passe! Pis frotte, pis tords, pis refrotte, pis rince...C't'écoeurant, j'ai les mains rouges, j't'écoeurée. J'sacre. A midi, les enfants reviennent. Ça mange comme des cochons, ça revire la maison à l'envers, pis ça repart! L'après-midi,  j'étends. Ça c'est mortel! J'haïs ça comme une bonne! Après, j'prépare le souper. Le monde reviennent, y'ont l'air bête, on se chicane! Pis le soir,on regarde la télévision! Mardi!" - p. 13

 

" Gabrielle Jodoin - En tout cas , les vues françaises, moé, j'aime ça! Eh! qu'y'ont donc le tour de faire des belles vues tristes eux autres! J'vous dis qu'y'ont pas de misère à me faire brailler! Pis y faut dire que les Français soint ben plus beaux que les Canadiens! Des vrais pièces d'hommes!" - p.77

 

 

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3°/11

 

 

 

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