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La Part Manquante
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1 juillet 2012

Le Canard de Bois

Le_Canard_de_bois

Le Canard de Bois - Louis Caron - Ed. Boréal Express - Québec 1981

 

1935, Bruno Bellerose coupe du bois au fin fond de la Mauricie, région de la rive Nord du Saint-Laurent appelé en urgence chez lui il redescend vers le fleuve.

1837, Hyacinthe Bellerose remonte vers le fleuve depuis la savane de Bulstrode, dans la région des Bois-Francs (aujourd’hui comté d’Arthabaska ) sur la rive sud du Saint-Laurent.

 

Dès lors, le voyage des deux hommes nous est contés en parallèle. Cent ans les séparent, cent ans de la petite histoire qui a fait la grande Histoire.

 

Hyacinthe Bellerose, comme beaucoup de Canadiens Français, lutte contre la disette, contre les froids belliqueux, les épidémies. Il s’est enfoncé, avec sa femme et un enfant irlandais recueilli, dans les Bois-Francs pour principalement chasser sur une terre quasiment vierge de toute occupation humaine.

Expulsé faute de pouvoir payer l’impôt de résidence,  il doit remonter vers Bécancour, sa femme meurt en chemin. Il ramène son fardeau dans la rudesse de l’hiver. Hyacinthe Bellerose est un écorché-vif, en colère de devoir survivre dans ce pays qui lui a été volé par l’Anglais, dans ce pays où lui et les siens sont soumis aux obligations commerciales de la noblesse britannique, contraints aux commerces du bois ou des fourrures. Affamés, expulsés pour certains, déportés pour d’autres.

 

Hyacinthe Bellerose a une réputation d’insoumis, de rebelle, de violent. Mais Hyacinthe est simplement un homme qui ne supporte pas l’injustice, et ne crois plus dans la miséricorde de Dieu. Après plus de deux mois de marche, son retour à Port-Saint-François, son village, n’est pas vu d’un bon œil pour tout le monde. Il souhaite seulement mettre sa femme en terre et retourner travailler pour nourrir son enfant.

Il ne cherche pas querelle mais, malgré lui, il se retrouve dans des situations qui sollicitent sa soif de justice, d’égalité et de révolte. Il rencontre Marie-Moitié, jolie métisse aussi fière que lui. Leur amour semble l’apaiser. Il se met à sculpter dans une souche tendre de bois d’érable un canard de bois. Le printemps arrivé, il confie le petit Irlandais à Marie-Moitié et repart chercher du travail vers le sud. Bientôt c’est au cœur  de la révolte menée par le parti des Patriotes que Hyacinthe Bellerose apparaît en tête de ligne des mécontents. Le meurtre d’un notable du village le désigne comme le coupable potentiel. Accusé, puis condamné avec plusieurs de ses compagnons, Hyacinthe bénéficie de la magnanimité du Tribunal qui préfère l’exil à la mort pour ne pas en faire un martyr.

 

Bruno Bellerose, 15 ans, cent ans après Hyacinthe, fait le périple insensé de 6h de camion puis 4h de d’autobus pour rejoindre La Tuque, s’en suivent 2h de train pour atteindre la grande Trois-Rivières et enfin le traversier pour arriver à Port-Saint-François, son village.

Il ignore pourquoi son père le mande en urgence à la maison familiale. Durant son voyage, d’enfant adolescent, Bruno entrera à Port-Saint-François en homme. Il arrivera à temps pour recevoir un canard de bois en héritage.

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Je tenais à lire ce roman pour plusieurs raisons : la découverte de la littérature québécoise, la découverte autrement de la région où je vis et enfin une sculpture magnifique de Hyacinthe Bellerose, croisée au parc littéraire de Bécancour.

 

Lecture laborieuse pour ce roman régional et historique, premier volet de la saga « Les fils de la Liberté ». Non que je me sois ennuyée mais je n’ai pas été aspirée par le rythme un peu lent de l’écriture. Le fait de pouvoir visualiser les lieux, la topographie m’a aidé à voyager avec Hyacinthe et Bruno. L’avantage de la construction du livre en tous petits chapitres m’a permis de lire en plusieurs épisodes sans perdre le fil.

Le personnage de Hyacinthe Bellerose est devenu une des figures classiques de la littérature québécoise. Il est au cœur de ce roman puisque son descendant Bruno n’est qu’un prétexte pour justifier la saga en trois tomes  qui suit ce premier opus.

 

Les références historiques sont très étayées mais en filigrane si bien qu’on peut avoir plusieurs niveaux de lecture. Les références topographiques sont suffisamment précises pour qui connaît les endroits peut les repérer et qui ne les connaît pas peut facilement les imaginer. Les personnages sont chacun dans leur genre les archétypes des habitants de ce Bas-Canada, les paysans canadiens français, appauvris et jugulés par les nobles britanniques gardiens féroces de la colonie, les amérindiens, la métisse, l’abbé, l’opposant politique, les commerçants, les négociants, les Irlandais pourchassés, les soldats anglais, les miliciens… tout y est.

 

Le roman est honnête, même si Bruno Bellerose ignore jusqu’à la fin de son voyage la raison de sa convocation, le lecteur la suppose très vite. Même si Hyacinthe aspire à la justice, le lecteur sait qu’il ne sera pas impuni par le régime victorien qui est en pleine expansion impérialiste. Pas de surprise donc mais une promenade dans l’Histoire finalement assez agréable.

« Le canard de bois » a malgré tout répondu à mes attentes mais cela ne sera pas suffisant pour que je m’attèle aux tomes suivants.

 

IMG_0043_bis

Le retour de Hyacinthe Bellerose

sculpture de Pierre et Sébastien Brassard

(photo personnelle - Parc Littéraire - Nicolet - Québec - août 2011)

pour ceux qui veulent voir plus du parc littéraire de Nicolet: clic sur la photo de Hyacinthe

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Citations :

 

« Le fleuve respirait calmement. De grandes masses de joncs flottaient ici et là. Hyacinthe se laissait dériver vers les promesses de l'aube. Le fleuve allait dans le même sens. Le cours de ses pensées aussi. » p- 131

 

« C'était comme si cette maison avait été sa mère, une mère qui ne vieillit pas. Il songea un instant à tous les Bellerose qui s'y étaient succédés. Il ne connaissait pas leur nom. Seule l'usure des marches de l'escalier témoignait de leur passage. » p- 305

 

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8ème découverte 

 

 

 

 

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