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La Part Manquante
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La Part Manquante
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21 septembre 2009

Histoires à 2 voix et 4 mains...

Un Bouquet d'Amoureux

Un beau matin de Mai, Céline, la petite chèvre blanchette, allait dans la forêt cueillir de jolies fleurs. Elle voulait offrir à Hugues, un bouquet pour la fête des amoureux.

Dans la forêt, Matar, le chef des loups savait que s’il ne trouvait pas de nourriture, les autres le chasseraient du clan. Il rôdait à la lisière du bois, cherchant ce qu’il pourrait ramener à manger.

Au début de l’après-midi, Céline traversait le champ du Père Lacour, près de la ferme où elle vivait. Justement, le Père Lacour était là. Il venait, comme chaque jour, discuter avec ses vaches. Céline le connaissait bien; c’est lui qui lui donnait les bons trèfles tendres qu’elle adorait. C’est lui aussi qui gardait tous ses secrets.

- Bonjour ma petite Céline, où cours-tu si gaiement ? lui demanda le Père Lacour.

- Oh, bon Père Lacour, c’est un secret et cette fois je ne vous le dirait pas.

- Tu as un air bien coquin, quelle surprise prépares-tu ?

-Vous verrez bien, à plus tard Père Lacour !

Céline s’éloigna en trottant. Au bout du champ, Agathe, la plus vieille vache du troupeau, buvait au ruisseau. Quand elle vit Céline s’approcher, elle lui dit :

- Céline, je vois dans tes yeux un secret qui ressemble à l’amour...

Céline sourit et comprit qu’Agathe avait deviné son secret.

- Tu as raison Agathe. C’est ce soir la fête des amoureux et je veux offrir à Hugues un joli bouquet de la forêt. Je suis sûre qu’il l’aimera autant que moi.

- Je ne connais pas ce bouc, est-ce un nouveau venu à la ferme ? demanda Agathe.

- C’est le jeune bouc que le Père Virgile a amené le mois dernier, déclara Céline. Il est fort, avec un poil roux, soyeux et doux. Toutes les chevrettes n’ont d’yeux que pour lui. Mais quand le chien Igor m’a couru après l’autre jour, Hugues lui a montré ses cornes ! Depuis nous mangeons le même foin et partageons la même litière.

-Te voilà bien amoureuse, petite Céline, dit Agathe. Méfies-toi, Papotin le Merle m’a dit que dans la forêt, Matar, le chef des loups était parti en chasse. Il se rapproche de la lisière du bois.

- Je ferai attention et ne serai pas longue, assura Céline.

Céline continua son chemin en se disant que le soleil avait bien raison de briller si fort, un jour si important. Elle leva le nez et respira le bon air frais du printemps, saluant ses amies les abeilles qui travaillaient dur pour faire du bon miel.

A la ferme, Hugues cherchait Céline pour lui compter fleurette. Mais toutes les chevrettes qu’il interrogea lui répondirent qu’elles n’avaient pas vu Céline depuis le matin.

- Elle est certainement allée voir le Père Lacour pour lui confier ses secrets ! Ne t’occupe pas d’elle, Hugues, elle préfère la compagnie de ses amies les vaches à la nôtre !

Hugues était inquiet, l’après-midi était déjà bien avancé. Il partit pour le champ du Père Lacour...

Qu’il faisait sombre dans cette forêt ! Céline se demandait bien où elle trouverait les jolies fleurs pour Hugues. Où étaient passés les rayons brillants du soleil si chaud ? Elle leva le museau: comme le tronc du chêne est gros et brun ! Comme son feuillage est touffu. On dirait que chaque feuille tend le cou pour attraper la lumière du soleil ! A côté, le sapin fait de l’ombre jusqu’au sol avec ses branches basses, lourdes et piquantes. Elles ressemblent à de grands bras qui veulent attraper tout ce qui passe ! Et le bouleau, tout maigre, tout argenté semble lancer des couteaux de ses longs doigts crochus !

- Ce ne sont que des arbres ! se dit Céline pour se rassurer.

Au loin, elle vit une clairière, elle s’y dirigea d’un pas rapide.

Pendant ce temps, Hugues était arrivé au champ du Père Lacour qui discutait encore avec ses vaches. Le soleil était bas maintenant, la nuit ne tarderait plus à arriver.

- Père Lacour ! cria Hugues en courant vers lui. Avez-vous vu Céline ? Elle est introuvable depuis ce matin !

- Ne t’inquiètes pas jeune bouc, Céline est passée sur le champ au début de l’après-midi, comme d’habitude. Elle paraissait très gaie, sourit le Père Lacour.

-Pourtant le soleil se couche et elle n’est toujours pas rentrée à la ferme, insista Hugues. Je crains qu’il ne lui soit arrivé quelque chose !

- En effet, tu as peut-être raison, rectifia le Père Lacour. C’est la première fois qu’elle ne me confie pas son secret. Tout cela est bizarre. Va voir Agathe, ma vieille vache, elles ont parlé ensemble avant que Céline s’en aille.

Hugues courra vers Agathe qui lui avoua que Céline allait dans la forêt cueillir des fleurs.

Céline était enfin arrivée à la clairière. Il y avait des milliers de fleurs parfumées: des coquelicots, des myosotis, des marguerites, des bleuets, des boutons d’or... Autant de couleurs qui mettraient du soleil dans le coeur de Hugues. Mais le soleil au fait? Céline constata qu’il ne brillait pas autant que tout à l’heure. Etait-il déjà si tard ? Il fallait vite cueillir les fleurs et rentrer à la ferme pour ne pas manquer la fête des amoureux !

Matar n’avait toujours rien trouvé à ramener au clan. Il était furieux lorsqu’il entendit piailler Papotin sur une branche du vieux chêne à l’orée de la clairière. Il sauta, toutes griffes dehors, après le tronc pour tenter de capturer le merle. Mais les loups ne sont pas fait pour grimper aux arbres ! Papotin le savait bien.

- Matar, Chef des loups, dit-il moqueur, je crois que tu as oublié que tu n’a pas d’ailes et que les arbres sont les amis des oiseaux contre les loups ! Sans repas pour ce soir, ton clan ne voudra plus de toi ! Essaie de ramener des fruits des bois, mais tu n’as pas de panier !!!

Matar bavait de colère. Il partit, rageur, vers la clairière, en jurant de se venger.

Céline avait fait un magnifique bouquet. Maintenant, le soleil rouge disparaissait derrière la forêt et la lune montrait le bout de son nez. La petite chèvre devait traverser toute la clairière, puis la forêt épaisse, sans se laisser impressionner par le gros chêne, ni par l’inquiétant sapin, encore moins par le bouleau menaçant. Après il n’y avait que le champ du Père Lacour et la ferme. En se pressant, elle arriverait juste pour le début de la fête des amoureux.

Hugues regardait le long bouleau, le robuste sapin et l’imposant chêne. La forêt était anormalement silencieuse, c’était le signe d’un danger. Hugues regarda de tous les côtés, il savait que Céline était passée par là mais où était elle ? Il faisait nuit maintenant et la lune lançait ses rayons d’argent sur la clairière.

A l’entrée de la clairière, Matar s’arrêta tout net. Il venait de voir la chevrette blanchette. Il se dit qu’il pourrait enfin rentrer au clan en chef! Sans bruit, il se tapit dans les hautes herbes, attendant, comme le chasseur, sa proie.

Céline, bouquet aux dents, trottait vivement vers la forêt en pensant que Hugues serait content de son cadeau.

Soudain, Matar surgit de sa cachette et bondit sur Céline qui fit un bond de côté et échappa à la gueule du loup. Elle s’arrêta pétrifiée de peur. Matar attaqua de nouveau à coups de griffes et Céline esquiva encore.

- Au secours ! cria-t-elle.

Le loup lui donna un autre coup et blessa Céline qui trébucha. Matar n’avait plus qu’à la dévorer.

Papotin avait entendu un cri et reconnu la voix de Céline. Il se précipita à toutes ailes pour chercher du secours. Hugues arrivait à la clairière.

- Hugues ! hurla Papotin essoufflé, Céline...dans la clairière...Matar...le loup !

Hugues, sans écouter Papotin, s’élança vers la clairière tête baissée, toutes cornes dehors. Matar était là, se léchant les babines. Hugues vit une tâche blanche éclairée par la lune dans l’immense vert de la clairière. Fou de rage, il se rua sur le loup en lui donnant de violents coups de cornes. Matar, surpris, n’eut pas le temps de se défendre. Hugues chargea de nouveau et frappa Matar à la tête. Le loup tomba à terre, raide-mort.

Hugues se précipita près de Céline blessée.

- Hugues, dit-elle, tu m’as sauvée la vie !

- Matar est mort. Peux-tu marcher ? questionna le bouc.

- Mon flanc me fait mal, répondit Céline.

A ce moment, le Père Lacour, avertit par Papotin, apparut près de la chèvre et du bouc. Il prit la chevrette blanchette dans ses bras et repartit vers la ferme accompagné de Hugues. Derrière eux, une voix piaillait:

- Je crois que Céline oublie quelque chose !

Dans son bec, Papotin le Merle, portait le bouquet magnifique qu’il donna à Céline. De la gerbe de fleurs elle retira un coquelicot qu’elle donna au Père Lacour et un bleuet à Papotin. Elle offrit le reste à Hugues en disant:

- C’était mon secret pour la fête des amoureux...

Tous quatre arrivèrent tard à la ferme et toutes les chevrettes accueillirent joyeusement les deux amoureux.

Pour Cyrielle et Jeanne - Février 1999

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Commentaires
O
J'ai eu un peu la même appréhension que Zazimuth mais voyant que tu avais imaginé cette belle histoire pour Cyrielle et Jeanne, je me suis laissée aller sans crainte au plaisir de te lire.
S
Trop jolie cette histoire ! J'adore ! Bisous, Sandrine.
H
Quelle jolie histoire ! <br /> La chèvre de Monsieur Seguin revisitée et modernisée ? Heureusement celle-ci se termine bien, et c'est mieux ainsi ...
Z
J'ai eu peur que ça ne se termine mal !!!
C
Ca me rappelle quelque chose cette histoire... =)
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